Extrait du journal

De nos conseillers généraux On sait l’humeur prodigue. Et le préfet, par ses bureaux. Leur oppose une digue 1 A mon avis, c’était urgent : Car ce n’est pas un conte Qu’ils nous dépensaient un argent Dont on perdait le compte ! Moi, J’aurais fait, bien mieux encor : Arrêtant leurs débauches, J’aurais réglé l’urgent, et l’or Qui sortent de leurs poches 1 Je n’aurais voulu qu’aucun d'eux. Dès telle ou telle date, N’achetât un cigare ou deux, Sans qu’on le lui mandate I A voir l'argent qu’il leur fallait, 11 est indubitable Que chacun d’eux se régalait Des plaisirs de la table 1 Moi, préfet, j’aurais sans éclats Réglé cette dépense : A leur dîner, deux ou trois plats Leur suffiraient, je pense 1 Et je les eusse fait venir Pour bien savoir, que diantre I S’ils n’osaient pas entretenir Des danseuses... du ventre t Au café, j’en trouve parfois Qui feraient mieux, peut-être, Vu la cherté des temps, je crois, De ne pas y paraître ! Or, si j’étais notre préfet. Je prendrais ma revanche : — Vous n’irez, messieurs, au café Qu’une fois, le dimanche 1 Tenez, pour les fêtes, qui sait, Les fêlant avec pompe, -Qui sait ce qu’ils ont dépensé Pour la dmde et la pompe ! •'t ce qu’ils vont, an jour de l’An, Sans le dire, pour celle Qui règne dans leur cœur galant. Dépenser (le ficelle ! Pour qu’on les sache « A la hauteur » — Largesses souveraines — Ils vont accabler leur facteur De leurs riches étrennes 1 Pour ma part, si l’un d’eux, demain. M'offrait, un petit verre : — Passez, monsieur, votre chemin 1 Lui dirais-je, sévère. Vous n’avez pas, probablement, — Rien ne vous en dispense — Fait mandater légalement Cette folle dépense ! Et si tous les deux nous buvions, je paierais, sans conteste, Car c'est toujours nous (pii payons, Vous le savez, du reste ! XAVIER MAUNIER....