Extrait du journal

On nous écrit de Rome, le 27 avril : En Italie, la question de la marine a le don de passionner l’opinion publique autant ou plus peut-être que partout ailleurs. Cette passion se comprend si l’on songe que l’Italie, immense épine dorsale, est toute en côtes, que l’armée navale est sa cuirasse mobile, que cette cuirasse a absorbé, dévoré des centaines de millions. Dans la fièvre de tout faire, de tout construire, do bâtir vite et d’édifier une nation de toutes pièces en moins d’un quart de siècle, on a agi avec la marine de même qu’avec les travaux publics, cette autre plaie du budget ; on lui a jeté les millions sans compter. De l’aveu de M. Betlolo, officier supérieur et rapporteur du budget, le seul armement naval, la flotte représente la valeur de 460 millions, et 11 ne s’agirait plus que de donner encore 50 millions pour voir l’édi fice mené à bonne fin. Il aura coûté alors un demi-milliard. La flotte vaut-elle le demi-milliard qu’elle représente sur le papier, et sur le grand livre de la dette publique ? Pas tout à fait, répond un député, M. Farina, dont le discours, bourré do docu ments sur la marine, a été toute une révé lation. Suivant lui, un tiers des fonds de la marine est mal employé, et la force navale...