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Le Petit Marseillais, 30 juillet 1916

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Le Petit Marseillais
30 juillet 1916


Extrait du journal

On nous écrit : Un racontait, il y a quelques semaines, que les Austro-Allemands s’étaient servis, sur le front oriental, de jets de liquides corrosifs. En tenant le fait pour vrai, il ne s'agirait là que d’uu cas isolé, et l’on peut dire que, d’une ma nière générale, les belligérants n’en sont pas encore venus à se jeter mutuellement du vi triol à .la figure. Et pourtant, on serait bien tenté de croire le contraire, lorsqu’on sait, même très vaguement, ce qui se consomme actuellement d’acide sulfurique, ce composé que les anciens alchimistes avaient baptisé « huile de vitriol », parce qu’ils le tiraient du vitriol vert (sulfate de fer) et que le vulgaire continue à appeler « vitriol » tout court. Les anciennes usines d’acide sulfurique ont du accroître leur production, et il a fallu en construire de nouvelles, afin de satisfaire aux besoins croissants des fabricants d’explosifs. C’est qu’en effet l’acide sulfurique est indis pensable à la préparation de toutes les pou dres de guerre modernes, aussi bien les pou dres balistiques que les poudres brisantes. Les quantités inouïes qu’il en faut aujourd’hui auraient été singulièrement difficiles à ob tenir par les anciens procédés de fabrication, dont l’une des phases devait s’accomplir dans des chaudières en platine. La hausse qu’a su bie ce métal eût rendu la préparation extraor dinairement onéreuse, et sa rareté eût même pu devenir un obstacle insurmontable. Pour mieux montrer l’importance de ce détail, en apparence secondaire, rappelons brièvement comment se fabrique le vitriol. En faisant brûler dans des fours, soit du soufre, soit des pyrites (sulfure de fer) on ob tient un gaz, l’acide sulfureux, qui, au con tact d’un jet de vapeur d’eau et d une cascade d’acide azotique, se transforme en acide sul furique. Cette réaction se produit dans des chambres en plomb. L’acide ainsi formé est fortement allongé d’eau, et il faut le concen trer. On l'évapore d’abord dans des bassines en plomb ; mais, à la fin de cette opération, il contient encore 23 pour 100 d’eau. Il n’est pas possible de le concentrer davantage dans des vaisseaux en plomb, parce que- ceux-ci se raient trop promptement, attaqués. Jadis, la concentration s’achevait dans des cornues en platine. Cette méthode était déjà très coûteuse, à l'époque où le platine valait beaucoup moins qu aujourd’hui ; outre le prix de l'installation, il fallait tenir compte de l’usure rapide du matériel : la perte de mé tal précieux atteignait 8 ou 9 grammes par tonne d’acide, et l’on ne parvenait à l’atténuer qu’en ajoutant au platine 10 pour 100 d’iri dium (métal qui se vendait 12.000 francs le kilo), ou en le recouvrant d’une forte couche d’or, qu'il fallait fréquemment renouveler. On avait bien essayé aussi des cornues en verre ou en porcelaine ; mais elles étaient...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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