Extrait du journal

C’est le jour des bilans. Celui de 1936 tient en peu de mots. Nous avons cotoyé l'abîme. ' L’année passe. Le péril demeure. H grandit. Ne remâchons pas le passé. Il n’est pas de nourriture plus vaine. Ni plus amère. Des fautes commises, per sonne n’est tout à fait coupable, mais personne n'est complètement innocent. Les uns regardaient trop au dehors. Ils n'ont pas vu le dedans. Les autres regardaient le dedans. Us n’ont pas vu le dehors. Le péril de 1937 s’appelle la guerre. Déjà on ne parle plus d’elle comme d'une absente. Elle est à nos portes, grimée comme une vieille comédienne. Lyautey disait : « Une guerre européenne serait une guerre civile ». La guerre civile est commencée. La paix dépend des autres. Oui. Mais dans une large mesure elle dépend de nous-mêmes. Si les Français re Îiarviennent pas à l'établir entre eux, toute espérance eur est interdite. • Est-ce donc si difficile 7 En juin dernier, notre pays a été subitement pris cb vertige. Vertige explicable. Vertige d’abord naturel, puis exploité. Et si la France s'est ressaisie sur le bord di gouffre où elle allait être entraînée, c’est à la sagesse du monde ouvrier qu’elle le doit. Dans ces jours de tempête, un édifice a été construit...