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Le Petit Marseillais, 7 octobre 1899

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Le Petit Marseillais
7 octobre 1899


Extrait du journal

deviennent ces cahiers deréclamations quand ils sont remplis jusqu’à la der nière page. Vont-ils dans les bureaux rejoindre les paperasses administrati ves ou bien quelque collectionneur les recueille-t-il pour en orner sa biblio thèque? Qui sait ! Peut-être servent-ils aux méditations d’un philosophe qui veut savoir jusqu’où va la patience de l’humanité. Il n’y a pas d’exemple d’une plainte jetée sur une feuille de ces registres qui ait abouti à un résultat sérieux. Celui qui le premier découvrit ce moyen de recueillir les protestations du public avec la ferme intention de s’en moquer était un habile psycho logue. il connaissait à merveille le cœur du bourgeois ; il savait que les colères nées d’un accident de la rue — comme toutes les colères — ne résistent pas au temps. On a beau être irrité par le sans-gêne d’un employé de chemin de fer. par la grossièreté d’un cocher, par l’impertinence d’un conducteur d’omnibus : il est difficile de donner à tous ces malappris plus de dix minutes de son existence. Un vieux dicton veut qu’un condamné ait vingt-quatre heures pour maudire ses juges : un bourgeois, même s’il est rentier, n’a pas le loisir de se fâcher pour une bourrade, un mot vif, une violation de règlement, plus de temps qu’il n’en faut pour fumer une ciga rette. Le public oublie vite les petits désa gréments qui l’ont si fort exaspéré : quand il a manifesté ses droits par une belle plainte écrite, il retourne à ses affaires ou à ses plaisirs. Le len demain il ne songe plus à la mauvaise humeur de la veille et les rancunes les plus tenaces ne sont pas longues à désarmer. Et c’est ainsi que se perpétuent les abus, les mauvaises habitudes et que les droits du public toujours affirmés sont toujours méconnus. Désormais, si les instructions de M. Pierre Baudin sont suivies, — et elles le seront, car le caractère du jeune ministre m’en est une garantie, — les registres de réclamations dépo sés dans les gares ne seront plus de simples recueils d’autographes.Quand un voyageur aura rédigé une plainte, il ne l’aura pas écrite sur le sable du désert. Une enquête qui ne sera pas une blague sera faite par le contrôle de l’Etat, et dans le délai d’un mois au plus, le plaignant sera fixé sur le sort de sa réclamation. Même s’il l’a oubliée, l’administration la lui rappel lera avec politesse. Et vous verrez que ce bon exemple sera contagieux. Quand le public constatera que ces protestations sont accueillies par les compagnies de che mins de fer, il se demandera pourquoi elles ne le sont pas partout. Ainsi, peu à peu, qu’il voyage au loin, qu’il cir cule dans la rue, qu’il vague à ses affaires, le bourgeois — et par là j’en tends tout le monde — finira par être traité avec quelques égards. Nos droits ne seront plus simplement un mot qui emplit la bouche, mais une réalité dont on ne fait pas fi impunément. CH. FORMENTIN,...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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