Extrait du journal

N AouT 1914, un jour se leva, qui tonnera à travers les siècles, où tous les garçons de France, les plus beaux, les plus fiers, les plus intrépides, rayonnants de projets et d'espérance, et qui couraient vers la vie, connurent qu'il fallait maurir. La sainte Patrie avait reçu d'un perfide et barbare ennemi la suprême injure. Chaque Français fut lui-même le terrain offensé, le droit qu'on violente, la justice dépouillée. Il fallait mourir. Ils moururent, les fils de France, avec une force, une ardeur, un acharnement, un sublime élan qui peupla l'espace de tant de milliers d'âmes que les vivants courbent !a tête, sentent que la Victoire est réellement céleste, déesse toute pure qui habite avec les morts dans la région divine, et pe quitte ses préférés que pour recueillir, sur les champs de bataille, le souffle expirant des braves. Depuis 'es premiers combats, où la colère sacrée du peuple de France sauva le monde, chaque journée est pour nous le jour des morts. Silencieux, attentifs, contrits, soumis, nous écoutons ces voix délivrées dont l'éther est tout chargé il n'est pas d'instant où elles ne nous enseignent et ne nous obligent....