Extrait du journal

Le dogue du voisin Fritz, pris de rage folle, a sauté naguère dans le jardin de Jacques Bonhomme, il a saccagé les parterres et brisé les fleurs les plus précieuses, celles dont la jeunesse et l'éclat enchantaient les regards. Les voi sins sont venus à la rescousse, on a pu, à grand'peine, çhasser le féroce animal et on a placé une barrière au delà d'un pré qui appartient à Fritz pour empêcher le chien de revenir, en attendant qu'il soit calmé. Jacques Bonhomme est re tourné à ses plates-bandes, il a réparé tant bien que mal le dé sastre, mais hélas ! les fleurs n'y sont plus. Quand Fritz s'est décidé enfui à l'aider la tâche était aux trois quarts finie. Puis, devant les promesses de son voisin, Jacques, qui a lion cœur, a mis la main dans celle de Fritz et ils sont allés déjeuner en semble. là-bas sous la tonnelle, au bord du grand lac aux eaux claires. Au retour, Fritz a de mandé à Jacques d'ôter la bar rière qui le gêne pour aller dans son pré : le chien est calmé, il est dans sa niche, il est attachéJacques Bonhomme tourne sa cigarette entre ses doigts, et il hésite. Il entend encore parfois le chien gronder sourdement ; ne l'a-t-il pas vu l'autre soir rôdant autour do la maison ? Il voudrait être sûr, bien sûr, que la chaîne est solide, que Fritz ne le lâchera pas de nouveau et il regarde ses jeunes rosiers qui sont encore si frêles... Trouvez-vous vraiment qu'il ait tort ? Jacques SEVDOUX....