Extrait du journal

Il est des mots historiques qui semblent synthétiser en eux toute l'action d'un homme. La. phrase que Michel (de Bourges) prononça, à l'Assemblée législative le 15 novembre 1851, quelques jours avant le coup d'Etat « Il y a une sentinelle invisible qui nous garde le peuple est à peu près la seule qui évoque encore la mémoire du grand tribuu. On la lui a reprochée au surplus, comme une naïveté, et d'après certains historiens, le succès qu'elle obtint, les votes qu'elle détermina, ne contribuèrent pas peu à la victoire de la tentative napoléonienne. Généreux utopiste, Michel (de Bourges), dont le dévouement à la République s'affirma si saisissant et avant et après le 2 décembre, aurait bénévolement frayé les voies à l'Empire. Dans la préface d'un volume où il a recueilli les discours du chef de la Montagne, M. Louis Martin, sénateur du Var, a discuté et ré,futé les accusations qui ont été portées contre l'illustre orateur. Non point qu'on ait pu soupçonner ce dernier de- calcul politique il était au-dessus de toute imputation et toute sa vie répondait pour lui mais on lui a attribué un excès de candeur et de simplicité, et son défenseur actuel voudrait dissiper l'impression laissée par la lecture des écrivains du temps. M. Louis Martin a donc soumis la fameuse phrase un examen minutieux, en rappelant les circonstances où elle fut proférée, et en analysant la tactique des partis à l'Assemblée législative....