Extrait du journal

Quand j'ai fait le tour du monde, combien de fois n'ai-je pas rencontré, sur les bateaux ou ailleurs, des contremaîtres anglais transportant en Extrême-Orient l'outillage d'une filature ou d'un tissage de coton. VoHl un fait qui s'est reproduit, depuis, des milliers de fois. Il n'est aujourd'hui de pays au monde qui ne veuille construire des usines. Le malheur, c'est que c'est devenu bien facile l'atelier, de nos jours, c'est un mécanisme standardisé, démontable, transportable au bout du monde et, IL l'autre bout du monde, on vous le remonte, avec l'aide de quelques spécialistes occidentaux, qui ne sont même plus nécessaires ensuite. Le travail est si automatique, si anonyme, si inhumain même, qu'il n'est presque pas besoin d'hommes pour y aider une main-d'ceuvre quelconque suffit. C'est dans ces conditions que le monde e extra-européen s'outille, avec l'aide de l'Europe, contre l'Europe même. Mais la tendance est irrésistible, et rien ne sert de protester rien ne sert même de regretter que nous nous soyons faits, nous-mêmes, les agents les plus actifs de la transformation. Constatons plutôt, avec vous, que le XX" siècle est conçu sur des données différentes du six". La conséquence éventuellement la plus troublante* c'est que, dans une, planète compartimentée, le commerce complémentaire ne peut plus tenir la place qu'il tenait jadis. Si les matières premières, au lieu d'être expédiées en Europe pour y être...