Extrait du journal

Mon lourde de soucis et de dangers, il pourrait les prononcer aujour d'hui avec la même fermeté d'âme pour dissiper le brouillard d'alar mes sincères, mais injustifiées, et leur flagrante exagération. S'il ne les prononce pas, il agit au nom et pour le compte de la France comme s'il les prononçait. Pas plus que quiconque, il n'attend pour demain les félicités d'une union européenne intégrale et harmonieuse. Les riva lités, les conflits, les haines, il les voit bien, et les misères et le chô mage pareillement. Dans le discours par lequel il a ouvert l'Assemblée européenne ce matin et qu'il eut soin de lire afin qu'on ne prit pas prétexte de son habituel prestige oratoire pour diminuer la valeur créatrice de son exposé c'est avec sobriété, mais aussi avec force qu'il a évoqué .« la menace qui pèse sur toute l'économie du monde euro péen », et c'est avec confiance qu'il a insisté sur le devoir des gouverne ments et des nations de « s'unir pour vivre ». S'unir ne veut pas dire se confondre ce serait chi mère mais agir de concert sur un premier pla i de coordination européenne. Il a ouvert la route. H sait que le tracé sera long et que le « parcours doit être effectué prudemment ». Pas à pas. Soit ! mais méthodiquement, avec le « but final en vue ». Et tout de suite au travail, quelque ingrat qu'il soit, quelque peu glorieux qu'il soit. On verra par le compte rendu détaillé des réunions d'aujourd'hui que la commission d'étude pour l'Union européenne s'est engagée dans l'examen des problèmes économi ques qui pressent le monde. Tâche de longue haleine, mais, si peu que l'on fasse, ce sera toujours déjà un point de gagné. Et ça aussi, c'est de la sécurité. Pour tous. Allons ! L'atmosphère n'est pas si chargée d'électricité qu'on le prédisait... Il en sera de même des délibérations du conseil de la Société des nations, la semaine prochaine. Je ne nie pas que M. Curtius soit arrivé avec un clairon et de la dynamite. Mais je ne les ai point vus, de mes yeux vus. Et si ce n'étaient qu'une petite trompette et un petit pétard je n'en serais pas autrement surpris. Qu'il se propose « d'accrocher la Pologne », oui. Mais la Pologne a un interprète qui sait parler. M. Zaleski a déjà ré pondu publiquement aux protesta tions allemandes. Juridiquement, le conseil est saisi d'une plainte de la minorité germanique en Pologne. C'est sur cette plainte qu'on discu-...