Extrait du journal

Mes amis suisses n'en ont pas du tout goûté cet aspect. Tous ceux que j'ai vus ont protesté très vivement contre l'injustice de l'opinion italienne à leur égard. Si l'on croit, en Italie, qu'en cas de guerre la Confédération permettra aux troupes allemandes de passer pour aller porter la guerre dans les plaines de la 1 Lombardie, on s'y trompe complètement. La Suisse est absolument décidée à défendre sa neutralité, et elle la défendra d'autant plus sérieusement que son armée n'a jamais été mieux en forme, mois lui ayant permis de compléter excellemment sa pré- paration et son entraînement Il n'y a, à cet égard (défense militaire), aucune distinction à faire entre) le,s cantons du nord et ceux du sud. Si les armées du kaiser essayent l'aventure, elles trouveront paur leur barrer la route tous les Suisses sans exception, résolus aux suprêmes sacrifices pour la défense farouche de leur indépendance j et de leur liberté. Ce sera une édition nouvelle de la tragédie belge, le soûle- vement héroïque d'une petite nation qui ne veut pas se laisser asservir. Voilà ce qu'on m'a affirmé dans les milieux les plus divers, voilà ce qu'on m'a prié de répéter autant que je le pourrais, afin de dissiper des défiances injustifiées. Et je j reconnais volontiers que rien, dans ce que j'ai pu observer personnellement, ne m'autorise à supposer que les Suisses pourraient manquer à leur devoir. Mais s'il faut croire à cette unité -dans' une défense contre une invasion éventuelle, il faut noter, d'autre part, de profondes divergences dans la façon dont la guerre actuelle est appréciée par la population auisse. Dans les cantons du sud, de langue romande, les sympathies y sont acquises aux alliés dans les cantons du nord, de langue allemande, elles vont aux Teutons. La diversité des langués et des races suffit à expliquer cette situation ajoutez-y que dans le nord, les sources d'information et de documentation sorif en général d'origine germanique....