Extrait du journal

La. démission de sir Samuel Hoare et la victoire du gouvernement dont elle s'accompagaa hier, aux Communes, ont évidemment écarté pour le moment le danger d'une crise politique au sens technique du mot- On se tromperait, toutefois, eu supposant que ce qui vient de se passer était d'ordre exclusivement et même essentiellement parlementalre. Il s'agit, en réalité, d'une crise de conseience politique anglaise. Insuffisamment informé des réalités de la situation internationale, le peuple anglais a cru da bonne foi que, par son acceptation des propositions de Paris, le cabinet avait trahi l'idéal de la Société des nations et rengagement qu'il avait pris de la servir, au cours de la campagne électorale. C'est ce sentiment qui a provoqué l'agitation des dix derniers jours, une agitation qui s'est enftde peu à peu jusqu'à prendre l'ampleur d'un raz de marée d'opinion, devant lequel la majorité des conservateurs surtout les jeunes -ont pris peur et qui fini par vaincre jusqu'à la résistance du premier ministre. Ainsi s'explique que, contre toute attente, M. Baldwin ait permis à sir Samuel Hoare de se sacrifier. Ce dut être pour lui une dure épreuve que de se séparer tout à 1a fois d'un vieil ami et d'un collègue éminent, dont il apprécie le talent et dont au fond de luimême u se dit peut-être que la politique, aujourd'hui condamnée, est la seule possible. Cette épreuve, il se l'Inflige* vraisemblablement pour préserver l'unité de son parti et pour canserver A son gouvernemerEt le caractère d'union nationale qui lui valut une. Imposante majorité au scrutin- du H novembre. Mals à quoi a-t-il abouti ? Si air Samuel Hoare avait besoin de consolation, il l'a trouvée ce matin en lisant les journaux. On peut dire que c'est lui qui sort grandi de l'aventure. Sa défense fut remarquable de clarté, de précision et de Iforce. On a l'impression que si M. Baldwin lui avait conservé jusqu'au bout l'appui qu'il lui donna le lundi 9 décembre, il aurait forcé hier Un degré suffisant de confiance aux Communes pour permettre au gouvernement de poursuivre une politique à laquelle on reviendra sans doute tôt ou tard,...