Extrait du journal

Emma Lyons, qu'on ne saurait évidemment donner en exemple à nos jeunes filles contemporaines, mais qui ressemble fort a certaines des femmes célèbres du Directoire, était née à Haswarden en Elle était issue de l'union d'une cuisinière du nom de Hart et d'un grand seigneur, Lyons, qui abandonna la mère et l'enfant. La mère dont la beauté avait, paraît-il, résisté an temps, suivit un comte Halifax qui iïi-édutfuer la petite Emma. Elle apprit tout ce qu'on enseignait de son temps aux filles de bonne famille c'est-à-dire qu'elle chanta, qu'elle dessina, qu'elle déclama et qu'elle dansa. Ces divers talents ne devaient pas lui être inutiles dans la vie aventureuse qu'elle allait mener. L'histoire conte qu'elle en usa et même en abusa ce fut une comédienne de grand style et une ballerine de haute envolée. Elle avait treize ans, quand le comte Halifax mourut. Cette disparition fut, pour elle, une amère épreuve. Renvoyée de sa pension, parce que les frais d'étude n'étaient plus payés, elle se fit femme de chambre mais l'ex-pensionnaire ne réussit probablement point dans cette profession, car peu après, elle servait dans une taverne de Londres. Dès lors, elle traversa fes milieux les plus divers. On la trouve, comme modèle, chez l'illustre maitre Romney qui l'a peinte un nombre incalculable de fois et qui l'a figurée tantôt en Cléopâtre, tantôt en Vénus, tantôt encore en quelque autre déesse ou demi-déesse de l'antiquité. Lawrence et Reynolds disputaient, au surplus, à leur célèbre confrère, cette tête admirable et qui réalisait le type le plus classique de la beauté anglaise. Mais ces fréquentations ne donnaient point la fortune à Emma qui, déjà, rêvait d'une grande position et aspirait à un luxe effréné et comme les scrupules ne la gênaient point, elle allait faire une rapide carrière....