Extrait du journal

Les socialistes ont célébré ces joursci le souvenir du grand tribun si lâchement abattu par le revolver d'un misérable en cette soirée historique du vl juillet 1814 qui apparaissait déjà comme une tragique veillée des armes. Ceux-là même qui n’ont pas pu prendre part à ces émouvantes commémorations auront vécu en pensée avec ce grand mort qui ne parut jamais plus grand que depuis sa mort. La disparition de Jaurès fut considérée dès le premier jour comme une perte irréparable, non pas seulement pour son parti et pour ses amis, mais pour la nation tout entière. Quatre ans sont passés sans apporter un démenti à ce sentiment alors unanimement affirmé. Loin de revenir sur cette impression première, la vérité est que nous sentons de plus en plus vivement et de plus en plus profondément ce que nous avons perdu en perdant cet homme de génie doublé d’un homme de cœur qui, après avoir été le généreux apôtre de la paix, aurait pu être l'âme frémissante et entraînante de la France républicaine en guerre....