Extrait du journal

Je laisse de côté la question de principes, invoquée jadis contre l’existence même du Sénat par le parti radical. Je ne veux pas reprendre à notre compte, après tant d’autres revendications politiques, d’origine radicale, et qu’on ne retrouve plus formulées, dans les professions de foi et à la tribune de la Chambre, que par les socialistes, la vieille revendication républicaine de l’unité de la souveraineté nationale. Je veux bien admettre, pour l’instant, la coexistence de deux Chambres, issues, l'une du suffrage universel, l’autre d’un mode de suffrage que l’universalité des citoyens n’est pas appelée à exprimer .— ce qui constitue la négation de la souveraineté populaire. Oubliant volontairement ce qu’ont dit là-dessus les radicaux autorisés qui combattirent la création d’abord, le maintien ensuite, d'une Chambre Haute, je me borne, à constater un fait : c’est que la parité d’attributions législatives dont jouissent l’une et, l’autre Chambre annihile, en fait toutes les décisions de la Chambre des députés. Elle tient en échec les volontés les plus certaines de la souveraineté nationale. Elle est à cet.te heure l’obstacle le plus insurmontable que la routine, l’esprit de conservation, le misodéisme opposent à toute modification politique ou sociale de quelque importance....