Extrait du journal

propositions de M. André Tardieu. Chacun sait que les gestes de cet homme aux décisions promptes passent rarement inaperçus. Il excelle à faire valoir ses moindres initiatives. A plus forte raison celles qui présentent îe caractère d’innovations audacieuses, comme fut autrefois l'outillage national. Peu importe en outre quelles elles soient son œuvre propre. La recherche de la paternité lui a toujours paru un sport petit-bourgeois. A ses yeux le véritable père c'est celui qui adopte et fait vivre les enfants choisis parmi les plus drus et forts. Il avait pris en charge, il y a deux ans, le rapprochement franco-allemand et ceux qui rééditent à satiété le reproche d'utopie et de crédulité contre les pacifistes oublient, avec un admirable ensemble, que M. Tardieu évacua la Rhénanie par anticipation et revint de La Haye eu s’écriant que désormais on était fondé à considérer le Reich comme ayant virtuellement acquitté ses dettes. Cette fois encore, l’enfant qu’il a déposé à Genève n'est pas de ses oeuvres. Depuis longtemps le projet de police internationale par l’aviation était à l'étude dans les étatsmajors et une petite équipe d’officiers distingués avait déjà porté l’affaire au point dans les mois qui précédèrent la Conférence du désarmement. La mise sur pied d’un programme positif avait même été poussée si loin que divers articles en avaient entretenu le public dans des revues spéciales. Le principal mérite de M. Tardieu, c’est en cette matière de bannir tout amour-propre. Il prend son bien (et le bien de la France, ajouterait-il sans doute) où il le trouve. Mais où éclate son originalité, c'est dans l’art du lancement. En ce domaine il est incomparable. Il a du savoir-faire, mais encore beaucoup plus de faire savoir. Au demeurant ce n’est pas une mauvaise affaire pour ses compatriotes. Il n’y a pas de maison de commerce oui aurait mieux que lui « sorti » son produit, lequel, après tout, est, ne l’oublions pas, un produit français....