Extrait du journal

— Vous n’aurez pas à chercher bien loin une femme pour M. Armand ; elle est déjà dans votre maison ; Mlle Hélène et lui se conviennent sous tous les rapports. Le filateur souriait : — Heu, heu, nous verrons, répondaitil laconiquement. Mais, depuis longtemps déjà, cette union était dans sa pensée. Il n’en par lait à personne, pas même à son fils ; mais il souhaitait ardemment que les deux jeunes gens s’aimassent. Il laissait grandir tranquillement sa pupille, se disant que l’amour viendrait à son heure, si son rêve devait so réa liser. L’heure arriva. Elle était prévue et attendue. Armand aimait Hélène. Hélène aimait Armand. Elle allait avoir dix-huif ans. C’est le bel âge pour se marier. M. de Carmeille n’avait pas eu de peine à deviner les sentiments réciproques des deux jeunes gens. Aussi ne fut-il point surpris quand son fils lui dit un jour : — Mon père, j’ai vingt-quatre ans, et je désire me marier. — Ah ! ah ! vraiment? fit le filateur. — J’aime Hélène, mon père, et je serai le plus heureux des hommes si vous me la donnez pour femme. — Mon cher Armand, répondit-il gra vement, tu aimes ma pupille et tu veux l’épouser, c’est très bien ! Je t’approuve,...