Extrait du journal

L’ancienne capitale du royaume subalpin a montré par là qu’elle savait pousser l’esprit de sacrifice jusqu’à ses dernières limites. Abandonnée, déchue, privée des avantages qu’elle devait à la présence de la cour et des ministères, au mouvement qui en était le résultat, Turin s’est résigné peu à peu, et aujourd’hui il répond avec un empressement exceptionnel à l’appel fait au crédit public. C’est que cette grande cité place au dessus de ses propres épreuves l’intérêt et l’avenir du pays. Sans doute la spéculation a joué un rôle actif en tout cela, mais le patriotisme des capitalistes de Turin a dû largement exercer sa part d’influence. Le premier foyer de l’unitarisme ne s’est point refroidi, et le concours prêté par la cité d’outreront au gouvernement de Victor-Emmanuel n’implique nullement une confiance à toute épreuve dans le souverain et son cabinet. A Turin pas plus qu’à Naples et à Florence même, la pensée d’un compromis entre Rome et l’Italie nouvelle ne serait accueillie favorablement. On ne s’imagine pas chez nos voisins que Victor-Emmanuel ait besoin d’argent uniquement pour négocier, en augmentant des forces inutiles ; on suppose au contraire qu’il s’agit de fournir à la nation les moyens d’achever par les armes son œuvre d’affranchissement et de rénovation. C’est ce qui donne au succès de l’emprunt italien une signification particulièrement nette et précise,...