Extrait du journal

— Ce sont de? soldats ? Et, sur un vague signe de tête, qu’elle interpréta dans le sens d’une affirmation, elle ouvrit la portière et me mit dans la main un petit bouquet de muguet, que j’ai encore sur ma tarde, bien qu’il soit tout jauni, et dont je ne puis me résoudre à me séparer. Je compris Je voulus parler. Je ne pouvais pas. 11 n’y a pas de mots pour des sensations trop vives. Dos paroles vulgaires m’auraient paru un sacrilège dans l’auguste grandeur li’un hommage d’espérance à la patrie combattante. Surhumainement belle de silence, la noble figure fit un geste vers la frontière, un geste char,g-; de toutes les douleurs, de toutes les espérances, nuis s’inclina, dans un nouvel effort, de sourire crispé, et. disparut. Cette scène jamais ne sortira de ma mémoire. La simple et grande Française douloureuse, qui adressait au front son bouquet d’espérance, ne pouvait qu’espérer. Mais son espoir était si ferme, et si fort, et. si grand qu’il débordait de son Ame anxieuse d’en offrir le meilleur eux passants qui symbolisaient. pour elle, l'action terrible qu’elle vivait psi* delà, l’horizon. Pour moi. l’indicible sensation de cette minute insaisissable ne sei a pas dépassée....