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Le Progrès de la Côte-d’Or, 12 mars 1906

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Le Progrès de la Côte-d’Or
12 mars 1906


Extrait du journal

On connaît les sentiments professés par le Radical à l’égard de M. bouvier, le cas que nous faisons des services qu’il a rendus au pays. C’est assez dire que nous n’avons pas désiré la crise actuelle. Nous ne pouvons cependant laisser pas ser sans protester les accusations excessives vraiment passionnées outre mesure, dont la Chambre est l’objet de la part de certains journaux, à propos de son vote de mer credi. En parlant ainsi, nous avons particulière ment en vue le véhément réquisitoire que le Temps publie contre la législature. On dirait que son article a été écrit sous l’em pire d’un sentiment voisin de la colère, et cela peut étonner, car noire confrère ne nous •a pas habitué à une telle intensité d’accent. Sa note habituelle est celle de la critique fine, froidement acérée, souvent subtile. 11 excelle, en général, dans une mo dération qui n’exclut, certes, ni la passion, ni l’injustice, ni la cruauté... D’où vient donc que son verbe se soit subitement échauffé à ce point? Pourquoi s’cst-il dé parti du ton de « l’éreintcment » discret où il est passé maître, et s’esl-il mis brusque ment à gronder, presque à tonner?,.. Le Temps accuse d’abord la Chambre de n’avoir le souci « ni de la légalité ni de la paix publique ». Il affirme ensuite que,« de puis le commencement de la législature jus qu’à la lin, rien n’a pu lui servir de leçon ». A l’entendre, elle a permis la désorganisa-, lion de ia défense nationale sur terre et sur mer; elle a permis de gouverner par l’es pionnage et la délation... (Nous n’exagérons pas, nous adoucissons plutôt...) Elle n’a pas eu le sens des difficultés extérieures, elle a perdu toute délicatesse, tout tact patrioti que. Aussi M. bouvier n’a-t-il pas voulu lui faire l’honneur de chercher à faire vibrer en elle la corde nationale. On lui demande trop, si l’on exige qu’elle réfléchisse à la conséquence de ses actes devant l’étranger. Enfin, il prétend qu’elle n’a jamais exprimé l’opinion du corps électoral ; qu’elle finit, sous eu rapport, comme elle a vécu, et il annonce « que le pays la jugera avec la der nière sévérité ». Ce réquisitoire contre la Chambre vise en pleine poil ri ne le parti républicain, tout le parti républicain. Il pourrait être l’œuvre d’un journal nationaliste, ou d’un journal monarchiste. Les plus violents ennemis de la i République n'auraient rien à y reprendre. La prophétie du triomphe de la réaction ne nous impressionne d’ailleurs en aucune ma nière, et, sans en faire compliment au Temps, loin de là, nous ne pouvons que nous en fé liciter, car elle peut être d’un grand poids dans la démonstration des qualités de vigi lance, de discipline et de fermeté hors ligne que nous avons le devoir d’apporter dans la prochaine lutte électorale. Quant à la Chambre actuelle, nous som mes bien tranquilles ; si elle s’est trompée quelquefois, elle possède à son actif des œuvres et des services que la France ne peut pas oublier. La Chambre actuelle a voté le service de deux ans, la loi d'assistance à la vieillesse, la suppression de l’enseignement congréga niste, la séparation des Eglises cl de l’Etat, la loi sur les retraites ouvrières, la réduc tion des vingt-huit jours et des treize jours. Bien peu dans notre histoire parlementaire ont réuni tant de litres. Par là, elle a mé rité de déchaîner les colères de la réaction, c’est possible, mais par là aussi elle a mé rité la reconnaissance impérissable de la Démocratie, et il est absolument fou de supposer que le pays puisse méconnaître si vite tout ce qu’il lui doit ; il se chargera, au contraire, de lui rendre justice, et il la ven gera avec éclat, on peut en être certain, des injures que lui ont valu sa passion des re formes, son ardent dévouement aux intérêts populaires et son profond loyalisme démo cratique. Le Radical....

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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