Extrait du journal

Vn des arguments le plus volontiers invoqué en laveur du maintien de la peine de mort, c’est la terreur qu’elle doit inspirer aux malfaiteurs. Lorsque l’assassin saura qu’il est à peu près certain de subir la peine du talon disent les partisans de l’échafaud, de l’assassinat légal, écririons nous volontiers, il hésitera à accomplir son forfait, et si l’horreur du crime est impuissante à arrêter son bras, du moins la vision de l’horrible machine éveillant en lui l’instinct de la conservation le serait elle reculer. Eh bien, l’expérience a démontré qu’il n’en est pas ainsi et que la perspective de l’exécution n’a jamais arrêté un criminel. On assure même, bien au contraire, que la vue de la guillotine, du sang répandu, la publicité donnée à l’exécution, le bruit fait autour de ces atroces représenta lions, . la curiosité malsaine qu’elles provoquent, et la célébrité qu’elles procurent au criminel, ont souvent été autant d’attractions pour le malfaiteur et l’ont poussé au crime. Les gredins qui font assez peu de cas de la vie des autres pour tuer un homme dans l’espoir de lui voler quelques francs, font généralement assez bon marché de leur propre existence. Ils jouent une partie dont leur trie est l’enjeu. S’ils viennent à perdre, ils se montrent beaux joueurs et payent sans trop de regrets. Hier encore, les journaux parisiens nous racontaient que c’est de l’air le plus indifférent du monde que deux des jeunes gredins qui assassinèrent la concierge de la rue Bonaparte, entendirent prononcer contre eux la peine capitale....