Extrait du journal

Tous, cependant, amis comme adversaires, étaient unanimes à rendre hommage à la façon remarquable dont M. Dauphin conduisait les débats au sein du Conseil général, ainsi qu’à la lucidité d’esprit, à la netteté de vue avec lesquelles il savait résumer une question et en trouver la solution juste. Le départ de M. Dauphin laissera donc, nous le répétons, au sein de notre assemblée départementale, un vide qui se fera cruellement sentir. 11 est en outre douloureux et décourageant pour des républicains de penser qu’un citoyen qui fut si souvent porté par le suffrage universel aux premières fonctions de la cité, qui faillit, à plusieurs reprises, pendant l’occupation prussienne, payer de sa vie l’intrépidité et le zèle avec lesquels il défendit contre l’ennemi les finances de la ville, qui se montra conscomment et en toutes circonstances préoccupé du bien-être des classes ouvrières d’Amiens, ait pu être ainsi abandonné, et se voir préférer par des électeurs affolés ou coupables un candidat fantaisiste et impossible, qui se soucie des intérêts de la ville d’Amiens comme... de la vérité. C’est là un fâcheux exemple et une triste leçon donnée aux jeunes générations qui se demanderont avec inquiétude à quoi sert le dévouement à ses concitoyens, la fidélité à son mandat, le souci de ses devoirs, puisqu’il n’en est pas tenu compte et qu’il suffit d’un boniment déclamé avec aplomb du haut de la première tribune venue par quelques pitres politiques ou quelques ambitieux sans vergogne pour que tout un passé d’abnégation et de dévouement soit oublié et dédaigné....