Extrait du journal

Les Mémoires du chancelier Pasquier, qui constituent un monument historique de premier ordre, ont été à maintes reprises signalés ici même. La publication en est achevée. L’auteur s’arrête à l’avènement de Louis-Philippe. Nous le regrettons. 11 devait vivre encore trente-deux ans. Nous aurions aimé avoir son témoignage sur les hommes et les choses de La monarchie de Juillet. Si j’en crois quelques légères insinuations du dernier volume, il consentait bien à donner son appui à Louis-Philippe mais conservait à l’égard de son nouveau maître une certaine méfiance. Il rapporte avec une malice courtoise des faits qui ne sont pas à l’éloge de la loyauté ni du courage du lieutenant-général pendant et après les « trois glorieuses. » Il paraît que le prince sa cachait tantôt à Neuilly, tantôt au Raincy , tantôt dans une maison attenant au Palais Royal, sous les combles. C’est là que le duc de Mortemart le trouva étendu sur un sofa, un madras autour de la tête, la figure rouge et les yeux humides. « Son premier mouvement, en voyant M. de Mortemart fut de s’écrier, avec l’accent de la vérité: «Monsieur, monsieur, dites, jurez au roi Charles X quo jamais je n’accepterai la couronne. Non, non, jamais! continua-til, en prenant sa tête entre ses mains, jamais, pour rien au monde!» Quelle scène délicieuse! Et je ne dis pas la suite; la lettre écrite à Charles X, confiée à M. de Mortemart spis la cachait sous sa cravate et la rendait quelques heures après à son auteur. Il en fut récompensé par sa nomination à l'ambassade de Saint-Pétersbourg....