Extrait du journal

Napoléon reprenait possession des Tuileries, d'où Louis XVIII était parti en hâte la nuit précédente. Napoléon revenait de l'île d'Elbe, rappelé et ramené par les fautes des Bourbons. Ces fautes avaient fait oublier les siennes. Elles avaient fait tout oublier. L'armée, humiliée et frappée, avait oublié quelle chair à canon (ftle avait été en Espagne, en Russie, en Saxe ; comment, contrairement au devoir du capitaine qui, quand le navire est en détresse, doit rester à bord le dernier, Napoléon s'était sauvé d'Egypte le premier, et avait abandonné les restes de son armée à la défaite, à la faim et à la peste ; comment, ce qu'il avait fait en Egypte, il l'avait refait en Russie; comment, après l'effroyable passage de la Bérésina, il s'était dérobé, la nuit, désertant ceux qu'il avait forcés de le suivre, livrant à l'ennemi, à la faim et à l'hiver ces paysans qu'il avait pris à leur champ, ces ouvriers qu'il avait arrachés à leur atelier, ces jeunes gens dont il avai t brisé les études et qui, après avoir fourni deux et trois remplaçants, avaient m été contraints à partir, et aussi des femmes et des enfants par milliers; comment il s'était enfui si précipitamment qu'il n'avait pas eu le temps de donner les ordres les plus nécessaires, et qu'il n'avait rien prescrit, notamment, l,our les vingt-cinq mille hommes...