Extrait du journal

Conçue dans cet esprit, l'œuvre projetée est appelée à rendre de très importants services. Ce sera un devoir pour tous de la seconder, de participer, chacun dans la mesure de ses forces, à ces travaux. Prévenir le mal, voilà un noble but. La loi, les magistrats, les tribunaux sont là pour punir le crime commis ; efforçons-nous d'empêcher, nous, que le crime se commette. Et il ne s'agit pas seulement d'arracher à la brutalité, à la barbarie de leurs parents les pauvres petits qui, trop souvent, expirent sous les mauvais traitements et dont les bourreaux — remarquonsle en passant —ne sont les trois quarts du temps, grâce à l'insuffisance scandaleuse de la législation, condamnés qu'à des peines dérisoires ; il s'agit aussi de ravir à l'assassinat moral lentement perpétré sur eux les malheureux dont les parents infâmes favorisent, encouragent, organisent la dépravation. Nous avons bien des fois déjà élevé la voix pour demander une protection efficace de l'enfance livrée au vice; nous continuerons tant qu'il y aura des petits mendiants, tant qu'il y aura des petits voleurs, tant qu'on verra rôder, le soir, à la devanture des cafés les fillettes qui, sous prétexte de vendre des fleurs, vont chuchoter aux oreilles des vieux messieurs leurs offres monstrueuses. Chaque membre de la société protectrice des animaux possède une carte qui lui donne le droit de requérir la force publique contre tout contrevenant aux prescriptions de la loi Grammont; nous réclamons le même privilège pour les membres de la Société du sauvetage de Venfance. Il s'agit, en un mot, d'élargir, de compléter ce qui a été commencé par la création du service des moralement abandonnés. Il y a là un intérêt social de premier ordre ; ces enfants qu'on rencontre vaguant par les rues, abandonnés à toutes les suggestions du vice, promis fatalement au crime, ne seront pas seulement des non-valeurs pour la société ; non seulement ils ne rapporteront rien, ne coopéreront d'aucune manière au labeur commun, mais ils coûteront cher....