Extrait du journal

SINISTRES O 3 O i. 00000000 Le Comité d'Action des Régions Dé vastées a fait d’excellente besogne et pris d’importantes décisions dans sa réunion du mois d’août, tenue à Paris à l'Hôtel des Sociétés Savantes. Les quelques mois qui nous séparent encore des prochaines élections législa tives vont être décisifs à de multiples points de vue. L’n immense effort de propagande en faveur des droits des si nistrés doit être fait. Il y a bien la loi d’avril 1919, allez-vous me dire. Je n’en disconviens pas. Cette loi a clairement el de façon précise réglé la réparation des dommages de guerre. Et il n’y au rait tout simplement qu’à l’appliquer pour mettre fin à toutes les plaintes et a toutes les réclamations qui se font entendre. Mais voilà. La loi n’est pas ou plutôt n’est plus appliquée. Elle l’a été de façon large et satisfaisante pendant les deux ou trois premières années qui ont suivi l’armistice. L’argent abondait à cette époque dans les caisses destinées aux paiements dus aux sinistrés. Et il s’est trouvé — je me borne à une simple cons tatation — que la plupart des gros sinis trés, de riches et puissants sinistrés ont ieu, comme un fait exprès, pendant ces années, au moment voulu et à point nommé, leurs dossiers examinés, leurs dommages calculés et leurs titres de créance délivrés. Ils ont pu entrer ainsi en possession des sommes qu’on leur devait. Tant mieux pour eux. Mais voici que l’époque des vaches grasses est passée, et que l’époque des vaches maigres est venue. L’Allemagne ne paie pas, malgré les superbes assu rances de M. Klotz, au temps jadis. Et le Trésor français dans l’embarras ne sait en sortir que pour y mettre nos compatriotes. L’argent s’est fait si rare qu’un minis tre des Finances, à juste titre honni par mes concitoyens des départements en vahis, nous offre en place, des obliga tions décennales ou autres dont le seul défaut consiste à ne pas pouvoir se transformer en papier-monnaie sans perdre 15 à 20 % de leur valeur....