Extrait du journal

Le protectorat que l'Allemagne vient* d’établir sur quelques points des côtes de la Nouvelle-Guinée préoccupe l’opinion anglaise et peut avoir de très graves conséquences. Si l’Angleterre défend la cause des Australiens aussi énergiquement qu’ils le demandent, nous allons voir s’élever un conflit sérieux entre Londres et Berlin. Si, par contre, les Anglais cèdent une fois de plus aux exigences allemandes, — outre qu’ils perdront par ce fait de leur prestige en Europe, —ils hâteront, en Océanie, le jour où les Australiens, imitant l’exemple des EtatsUnis, se détacheront d’une métropole dont les intérêts, les passions, les tendances ne seront plus les leurs. L’embarras est grand. Nous comprenons que le Foreign-Office hésite avant de s’engager dans l’une ou l’autre de ces voies. quant à la presse anglaise, elle envisage la question avec un calme et une modération auxquels elle ne nous a point habitués. Les journaux de Londres ne sont agressifs et insolents que lorsqu’ils, croient pouvoir compter sur l’impunité, et leur dernière campagne d’injures contre la presse allemande n’a pas été assez heureuse pour les encourager à rouvrir les hostilités. Ils ont jugé convenable de réserver pour d’autres cette vigueur, cette poigne britannique dont ils sont si fiers. La France n’est elle point là pour exciter leur verve ? Les journaux français ne sont-ils pas habitués aux boutades et même aux brutalités anglaises? L’on peut, à cœur joie, s’en donner sur nous...