Extrait du journal

Et tandis que les gouvernants font ces orgies de la réaction, — la misère, toujours croissante, envahit l’Europe, dessèche les bras producteurs. décime les populations. De Naples à Dublin, de Malaga îi Moscou, ou n’entend (pi un cri. qu’un gémissement : Du travail ou du pain! En Espagne et en Italie, des bandes d hommes et de lemmes en lambeaux, les yeux creux, les lèvres blêmes, s’assemblent devant les mairies en demandant du pain, et prêtèrent le plomb des armées royales aux souffrances de la faim ; les villes et campagnes s’insurgent pour arracher la nourriture aux accapareurs.En Irlande, une misère affreuse consolide les ligues des paysans et leur souffle à l’oreille : tuez vos propriétaires : vous mourrez vengés.' En Allemagne, la mendicité atteint des proportions qui jettent du froid jusque dans les festins des repus : vingt-huit mille mendiants ont été arrêtés à Berlin en un an : le triple de la moyenne. Des bandes affamées d ouvriers allemands envahissent la Suisse ; et les bourgeoisies genevoise, neuchâtelloise et autres, ne sachant pas le premier mot de I organisation du travail, organisent la mendicité, la démoralisation. Les travailleurs les plus énergiques, découragés, fuient leurs vallées et leurs montagnes et s'en vont en Australie... tomber sous le joug de cette même exploitation spis les a forcés de quitter leur pays natal....