Extrait du journal

En jetant un regard sur les dix dernières années rions restons étonnés du chemin parcouru par l’idée anarchiste, et du nombre d’adhérents qu’elle a rallié autour d’elle. Rien ne faisait prévoir,cependant, au lendemain de cette terrible hécatombe de révoltés dont les groupes vont rappeler l’anniversaire sanglant,qu’elle fut destinée à se frayer un chemin dans les cerveaux absorbés par l’idée d’autorité, par ce germe de despotisme que nos pères semaient dans notre esprit, avec la conviction, souvent ardente, de nous préparer à un meilleur avenir, de nous mieux disposer,qu’eux-mêmes ne l’avaient été, à la conquête de nouveaux droits et de nous faire devenir des serviteurs zélés du progrès, tel du moins qu’ils pouvaient le concevoir. Dès l’abord les ennemis ne firent pas défaut aux partisans de l’idée nouvelle et si,dans la bourgeoisie, on ne prenait garde à ces nouveaux arrivants dans la mêlée sociale, qui ne demandaient rien moins, ô candeur! que la liberté complète de l’individu, la suppression conséquente de tous les privilèges, la transformation delà propriété particulière en propriété commune à tous les individus, l’éloignement de toute politique comme une atteinte portée à la souveraineté de l’homme, un amoindrissaient de sa personnalité et, dans les mains des détenteurs de la fortune sociale, un instrument de domination, il n’en était pas de même dans les rangs de ceux qui voulaient conserver intacte la tradition révolutionnaire....