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Le Siècle, 4 avril 1853

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Le Siècle
4 avril 1853


Extrait du journal

Aucun de vos aïeux ne s'est- il signalé ? — Ma loi,-mon père est mort sans m'en avoir parlé. Il se fit médecin, gagna beaucoup de bien, N'eut que moi seul d'enlant et, passant mon attente, Me laissa par sa mort vingt mille écus de rente. Comme Paris est grand, j'ai changé de quartier ; Je me fais par mes gens appeler chevalier. La maison que j'occupe a beaucoup d'appareHce; Et personne à présent ne sait plus ma naissance. Faites-moi gentilhomme, il n'est rien plus aisé. Enfin, pour m'obliger inventez quelque table ; Et ce qui n'est pas vrai rendez-le vraisemblable. Et comment, s'il vous plaît, vous nommez-vous ?—Michaut. — Ce nom n'est point noble assurément. .— Qu'importe? — Michaut ! Dngentilhomme avoir nom de la sorte! Cela ne se peut pas, vous dis-je. — Pourquoi non? Croyez-vous qu'a la cour chacun ait son vrai nom ? . De tant .de grands seigneurs dont le mérite brille, Combien ont abjuré le nom de leur famille ! Si les morts revenaient ou d'en haut ou d'en bas, Les pères et le» fils ne se connaîtraient pas. Ces vers sont de 1683. Est-ce qu'ils ont beaucoup vieilli? Puis vient M. Longuemain. Pour vivre en honnête homme, il faut avoir du bien. La vertu toute nue autrefois était belle, Mais le vice à son aise est aujourd'hui plus qu'elle, Et de quelques talens dont on soit revêtu, On ne fait point fortune avec trop de vertu. Si bien «que, tout d'un coup, l'occurrence étant belle. De deux cent mille francs j-'ai fraudé la gabelle; Et vous nf'obligeriez, après ce beau coup-là, De donner dans le monde un bon tour à cela. — Et quel diable de tour voulez-vous que j'y donne? Après un vol si grand...— Comment, vol ! Parlez mieux, •Et ne vous servez pas de ce terme odieux. — Si ce mot vous lait honte et vous semble un outrage, L'action qui le cause en lait bien davantage. — Mais combien en voit-on, banqueroutiers parfaits, vivre du revenu des crimes qu'ils ont faits ! t Plus de dix à Paris ont deux ou trois carrosses... — Les gens que vous citez, dont vous suivez le train, Sont l'exécration de tout le genre humain. — Trois carrosses roulans rajustent bien des choses... N'oublions pas la date de ces vers : 16831 — M. Louguemain offre à Oronte de l'aider à arranger son affaire; mais Oronte l'engage à restituer. ... Il faut vous hâterrsi vous vo.us laissiez prendre; Il ne serait plus temps de s'offrir à tout rendre. On'vous y forcerait et vous seriez pendu. ■ — Ne me pendrais-je pas, si j'avais tout rendu ? Je renonce au secours d'un tel médiateur, Et suis de vos conseils très humble serviteur. S'il faut être pendu, ce n'est pas mon affaire. A ce voleur succède le libraire Boniface, qu'un livre in folio a mis à l'hôpital, et qui, pour se tirer d'embarras, imagine de faire des. billets d'enterrement. i . . . ; . Jusqu'ici les billets nécessaires Pour inviter le monde aux convois mortuaires, Ont été si màl faits qu'on souffrait à les voir, Et pour le bien public j'ai taché d'y pourvoir,...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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