Extrait du journal

L'IMPASSE Les personnes, assurément, -fort nombreuses, qui ne courent pas le risque d être étouffées par un respect exagéré pour la loi du repos hebdomadaire, feront bien de mé diter un arrêt tout récent de la Cour de cas sation qui démontre combien cette loi a été mal fabriquée. La loi dit: '« Nul ne pourra employer la même personne plus de six jours par semai ne. » Là-dessus un premier débat a été institué entre les.patrons et les ouvriers, ces derniers réclamant le repos collectif et dominical, c'està-dire le retour pur et simple à une loi de la Restauration, abrogée par là République en 1880. et les patrons réclamant différentes com binaisons destinées à. leur permettre de ne pas chômer dans certaines industries tout au moins où le dimanche est un jour de recette fruc tueuse. Mais il y avait une autre question dont l'im portance n'était pas moindre: la question du salaire, par exemple. Il s'agissait de savoir si les ouvriers, ne travaillant plus que six jours, devaient être payés le septième. Naturellement,' ouvriers et patrons ne devaient pas être d'ac cord sur ce point. Les patrons demandaient à ne payer que les six jours pendant lesquels on ■travaillait chez eux, et les ouvriers deman daient à' être payés le jour du repos comme "les autres. Le conflit a pris une. forme tangible dans les boulangeries parisiennes. Là les ouvriers sont payés, en vertu d'un contrat antérieur à la loi qui nous occupe, 4g francs par semaine, soit 7 francs par jour, plus 20 centimes pour la boisson. Les patrons ne voulurent plus payer que 6 jours;.les ouvriers en réclamèrent 7. On alla aux prud'hommes. Cela ne résolvait rien, car, les ouvriers prud'hommes donnant raison aux ouvriers et les patrons prud'hommes don nant raison aux patrons, le conseil des prud'hommes se trouva partagé en deux parties égales. Un suppléant de juge de paix vint les départager. Il donna tort aux patrons et proclama que, si l'ouvrier n'était pas payé le jour du repos, la loi n'atteindrait pas le but poursuivi par son auteur. 1^ patron déféra ce jugement à la Cour de cassation et la Cour de cassation vient de tour ner la difficulté. Elle n'a pas déchargé le pa tron expressément de l'obligation de payer 'e salaire le jour du repos; mais elle l'a exonéré des 20 centimes de boisson alloués ce jour-là h l'ouvrier. Seulement elle s est prononcée sur le fond même du litige par l'attendu suivante (( Attendu que, si la loi'du 13 juillet 1906 interdit d'occuper un ouvrier plus de 6 jours, elle, n'impose pas l'obligation de lui payer le jour du repos. » _ C'est le bon sens qui parle une fois de plus par l'organe de Ja cour souveraine.. Seulement, . examinons, en nous plaçant au point dé vue dç l'ouvrier. Voilà un homme qui gagne y...