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Le Siècle, 12 juillet 1886

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Le Siècle
12 juillet 1886


Extrait du journal

C'est le mot, désormais historique, I du comte de Paris au moment de s'em- ! barquerpour l'Angleterre. Mot profond | et bien orléaniste. « Allez, messieurs ! Moi, je vais mettre la Manche entre les gendarmes français et mon auguste personne; je suis désormais à l'abri des coups de la fortune et de la poli tique; par conséquent, plus de ménage- j ments à garder; les coups seront pour j vous, je vous regarderai faire avec plaisir. Allez! Discréditez le gouverne ment de votre pays ; dans cette France qui a besoin "de paix et de travail, faites de l'agitation, semez la haine, préparez la guerre civile. Quand il n'y aura plus qu'à recueillir les fruits de votre cam pagne, quand le trône sera relevé, la couronne prête, les chemins gardés par une force imposante, vous me le ferez dire. Il est doux de jouir de la victoire sans avoir pris part aux combats et de toucher une liste civile de 40 millions sans avoir risqué, pour l'avoir, un che veu de sa tête. C'est la tradition de ma famille. Relisez plutôt l'histoire de mon aïeul en 1830. Allez ! » Les royalistes sont heureux et fiers de ce mot et du petit discours qu'il sous-entend. Ils étaient impatients d'ac tion ; ils piétinaient sur place avec rage, rongeant leur frein comme de nobles coursiers faits pour dévorer l'espace. On leur dit enfin d'aller, et voici qu'ils ne savent plus s'ils doivent se réjouir de la permission. On les a vus passer successivement ,ds l'abattement à la joie. Quand la loi d'expulsion a été pro posée au Parlement, ils l'ont dénoncée comme une mauvaise action, comme un crime. Quand elle a été votée, ils ont dressé rageusement la liste des « proscripteurs ». Quand les princes sont partis, ils ont essayé de provoquer des manifestations et de faire croire que le pays partageait leur indignation. Non seulement le pays est resté indifférent devant la comédie des larmes réelles ou feintes, mais il a hautement approu vé le gouvernement d'éloigner de son territoire des hommes qui conspiraien contre ses institutions. Les royalistes ont changé de ton. Ils pleuraient, ils se sont mis â rire ; ils criaient anathème, ils ont dit : Merci. L'expulsion qui était un crime est de venue un « service » rendu aux princes et à leurs amis. M. Ph. de Grandlieu, du Figaro, cite avec un- contentement manifeste ce passage du Journal du Loiret : « Il faut rendre cette justice aux républicains qu'en rejetant les princes hors du territoire de la France ils nous ont rendu un réel service. » M. de Grandlieu ajoute: « Et c'est le journal même d'un des serviteurs les plus dévoués et d'un des secrétaires du prince qui tient ce langage ! » Une autre feuille orléa niste, la Bourgogne, exprime sa joie et...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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