Extrait du journal

La grève, ayant un objectif précis et délimité, étant à peu près terminée, voici « la grève générale » qui apparaît dans un manifeste signé par le comité central de la grève. Puis le syndicat Guéard, par 12 voix contre 11 et' 1 abstention, ce qui est faible, a décidé la grève générale des chemins de fer, en dépit des réponses en majorité négatives des sections. Ces mots : « la grève générale » prou vent la puissance des épitbètes, rien de plus, car, si ceux qui la préconisent et la proclament réfléchissaient un instant, ils comprendraient l'impossibilité d'une grèvo générale. La grève générale doit avoir pour base la grève des garçons boulangers, bou chers et charcutiers : et les plus ardents des protagonistes de la grève générale se raient les premiers ennuyés s'ils se trou vaient demain matin sans pain, sans befteaclc et sans saucisson. Mais si les boulangers ne travaillaient pas,pourquoi donc les garçons marchands de vin travailleraient-ils? Ce ne sont pas des esclaves. Si la grève est généralej ils doivent être en grève comme tout le monde. Et les concierges? Pourquoi donc res teraient-ils attachés à leur cordon fils doivent faire grève comme les autres : et, une fois dans leur lits, ils n'ouvriront plus; et les retardataires devront cou cher à la belle étoile. Ce terme « la grève générale » n'est donc qu'une expression décevante annon çant un fait d'une réalisation impossible. Les membres du comité de Guérard l'emploient aujourd'hui pour essayer de ranimer la grève qui s'éteint. Au moment où le comité la proclame, il inscrit le mot fin sur la grève actuelle. La grève de tout le monde, ce n'est la grève de personne. — y. g....