Extrait du journal

phées ; puis il s'abîma dans ses réflexions. Quand il re- ' leva la tête, ce fut pour s'écrier dans un accès de douleur : — Notre-Dame d'Embrun, ma patronné, secourez-moi ! Et sa tête s'appesantit sur sa poitrine. Il était mort. Si nous avons ainsi fait 1 historique abrégé d'un règne qui commence par de la grandeur et finit par des petites ses, ce n'est point avec fc ridicule prétention d'apprendre quelque chose à nos lecteurs. Nous n'avons voulu quo rappeler des faits qui devaient servir à faciliter le compte rendu du Chapeau du roi, joué cette semaine au ThéâtreLyrique. La maladie de Louis XI sert de pivot à l'action. Maître Landry, forgeron de village, travaille de toutes ses forces durant six jours chaque semaine. Ri«n ne peut lasser son courage, et ses enclumes ne refroidissent guèro sous les coups pressés de son marteau; mais il possède un vice. Qui n'a pas le sien? Ce vice, poussé chez lui jusqu'à la septième puissance, consiste à boire le dimanche une partie de l'argent qu'il a gagné les autres jours. Quand il est assis en face d'un broc, si gros qu'il soit, il ne se lève sur ses jambes mal affermies que lorsque le broc est vidé. Alors il faut voir comme il danse, les yeux épanouis, lé teint animé! Dans son ivresse, il se persuade qu'il est à la cour, remplissant les hautes fonctions de cinquantième valet de eniens, car il est ambitieux, maître Landry. Sa marotte est d'être employé dans les chenils du roi Louis, onzième du nom. ' Comme tout personnage de théâtre; il f ossède une fille, Mlle Jeanne, qui s'est éprise d'un ménestrel. * Ce trouvère jette tout le long du jour les sons de sa voix et de sa guitare aux échos d'alentour. Sa chanson ne tarit-pas ; mais son gousset malheureusement pourrait être percé comme ses chausses, sans inconvénient pour les économies qu'il n'a pas su faire. Aussi maître Landry s'oppose-t-il de tontes ses forces à cotte union. Il a rêvé mieux pour son enfant. Le vieux roi n'a-t-il pas promis au forgeron de lui faire un magnifique cadeau pour le récompenser de ce qu'il a bardé ae fer sa retraite de Plessis-lez-Tours? Il est-vrai d'ajouter c-fue le monarque so montre assez oublieux de sa parole; mais n'importe, Landry seuiit souvent pour s'en courager dans sou illusion, qu'un jour ou l'autre il recevra le présent annoncé. Eh! tenez, il n'a pas tort d'espérer. Voici venir un gentil page qui lui remet un message royal. Cette lettre lui donne audience et lui renouvelle les promesses faites depuis longtemps. Landry se rengorge et prend des poses en rapport avec l'importance qu'il so croit, il boucle le ceinturon do sa ra pière, passe ses gants de peau de daim, eoifïo son feutre gris à larges bords, et se muuit d'un grand sac pour y loger les cadeaux qu'il ne manquera pas de recevoir. Et il se met en route pour le château, fier de son rôle, regardant los passans du haut de sa vanité. Quand i! est parti, le petit page se fait raconter les araours de Jeanne eUdu ménestrel ; puis il conseille aux jeunes gens de s'aller épouser ailleurs, moyen expéditif qui no saurait être repoussé. Les deux amoureux disparaissent pour faire clandestinement leurs apprêts de départ....