PRÉCÉDENT

Le Siècle, 23 février 1848

SUIVANT

URL invalide

Le Siècle
23 février 1848


Extrait du journal

animée la masse de cette population, quels profonds dégoûts ont envahi la classe moyenne et la garde nationale, ceux-là n'ignorent pas non plus que ce qui est difficile à présent, ce n'est pas d'exciter l'irritation puÉlique contre le gouverne ment, mais au contraire de l'apaiser. Bans les rangs mêmes de cette armée, dont la discipline est si admirable et qui serait si heureuse d'avoir à supporter des fatigues ou des périls pour la cause nationale, il y a une multitude de braves gens qui ont l'âne navrée de voir à quoi les emploie une misérable politique de brouillons et de renégats. Le ministère, nous n'en doutons pas, fera semblant de regarder ces affirmations comme injurieuses pour la classe moyenne, pour la garde nationale, pour l'armée ; mais notre devoir, à nous, ce n'est pas de flatter le gouvernement, c'est de l'avertir. Qu'il sache donc bien que jamais peut-être l'im mense appareil des forces matérielles qui l'entourent ne cacha une moindre force morale; qu'il sache bien que la. révolution du mépris a déjà commencé et que l'agita tion légale dont il s'est plaint avec tant d'amertume, qu'il croyait, ou feignait de croire, excitée par les banquets réfor mistes, n'est qu'une expression très affaiblie de ce qui se passe au fond des cœurs. Oui, telle est la vérité ; ceux qui la dissi mulent sont, ou bien insensés ou bien coupables ; et ceux qui, pour l'empêcher de se produire au dehors, ont eu l'idée d'a jouter encore à la compression qui pesait déjà sur tout le pays, cëqx-là conduisent à sa perte un gouvernement qui pou vait être stable et honoré en restant fidèle aux principes de nos deux révolutions. Nous désirons sincèrement que les tristes journées que nous venons de traverser ne laissent pas des souvenirs irré parables ; nous faisons des vœux ardens pour que le sang des, soldats et des citoyens ne soit pas versé dans les rasse-nbleméns qui se sont formés ou accrus ce soir sur différens Ïoints. L'opposition n'a rien négligé pour prévenir les maleurs qu'il était trop facile de prévoir après les dispositions brutales manifestées inopinément par le ministère. Si elle eût persisté, c'était une bataille,qui se livrait dans les rues de Paris; c'était ou le maintien de l'ordre ou l'avenir de la li berté qui était pour longtemps compromis : que les uns la raillent et que d!autres l'insultent parce qu'elle a rempli un devoir d'humanité, nous ne pouvons, quant à nous, que l'en féliciter. Au-dessus de l'orgueil, au-dessus des passions de paurti, nous plaçons bien haut les satisfactions de la conscience. Nous avons prouvé en 1830 que nous ne reculions pas de vant les moyens extrêmes pour la défeuse du droit et des lois, guand les armes légales étaient brisées dans nos mains. Ici i situation était différente. Le droit ne périssait pas pour avoir été un moment suspendu par la violence ; il nous restait pour le soutenir des moyens plus légitimes et par cela même moins hasardeux que la résistance ou verte....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

En savoir plus
Données de classification
  • odilon barrot
  • fouquet
  • garnon
  • quinette
  • bonnin
  • jouvencel
  • cambacérès
  • larabit
  • drouyn
  • colbert
  • colbert
  • artagnan
  • menneville
  • paris
  • bigot
  • aragon
  • la seine
  • nota
  • creton
  • la somme
  • m. a.