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Le Siècle, 25 juin 1880

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Le Siècle
25 juin 1880


Extrait du journal

L'opposition monarchique et cléricale du sénat a voulu, à la veille de l'exéeution des décrets et de l'application des lois, donner de nouveau au pays le spec tacle de sa vanité, de sa fatuité et de son hostilité systématique contre nos insti tutions républicaines. M. le duc d'Audiffret-Pasquier et M. de Broglie ont mis au service des jésuites toutes les ressources de leurs talents divers ; l'un son ironie rude et brutale, l'autre sa période acadé mique ; tous les deux ont invoqué la gloire de leurs aïeux et célébré le nom qu'ils ont l'honneur de porter devant la France ; tous les deux ont montré le dé dain traditionnel que les chefs des classes dirigeantes affectent d'éprouver pour le suffrage universel et "pour la démocratie ; mais ni l'un ni l'autre n'ont démontré que les lois existantes n'existent pas. Or, c'était là toute la question. M. de Broglie a dit que ces lois n'avaient ja mais été appliquées par la monarchie d'une manière rigoureuse et régulière; que c'étaient des lois facultatives, des lois de fantaisie, des lois de circonstance et d'opportunité que les gouvernements appliquent ou qu'ils laissent dormir, sui vant qu'ils le jugent convenable. Ces lois, a-t-il dit, sont une sorte d'épée de Damoclès que les rois ont suspendue audessus de la tête, des congrégations pour les tenir à leur merci ; mais jamais ils n'ont fait tomber l'épée sur la tête de ceux qu'elle menace; à peine les ont-ils touchées légèrement de la pointe pour les habituer au respect delà puissance pu blique. Il nous semble que ces aveux valaient la peine d'être recueillis. Ainsi les lois invoquées par le gouvernement de la République existent réellement. Ce sont les rois et'les empereurs qui les ont faites pour la plupart. Ce sont des lois qu'on tire du fourreau dans les dangers publics. Eh bien ! le gouvernement actuel a jugé que le moment était venu de les faire sortir ; que leur application serait tout à fait opportune, convenable et salu taire; il lés applique ; il est parfaite ment dans son droit. Il fait de son droit l'usage le plus légitime. Il n'a de repro ches à recevoir de personne, et de M. de Broglie moins que de tout autre. Quant à la thè«e de liberté que MM. les ducs viennent soutenir à la tribune, nos lecteurs ne nous pardonneraient pas de la discuter sérieusement avec M. de Bro glie. N'est-ce pas déjà bien difficile à to lérer qu'un personnage qui a violé toutes les libertés publiques pendant son court passage au pouvoir, ait aujourd'hui la permission de monter à la tribune du sénat pour faire l'apologie de la liberté ? M. de Broglie use et abuse de la patience publique et de l'indulgence que l'on a eue pour son impuissant attentat contre nos droits et nos libertés les plus essentielles....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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