Extrait du journal

Camille Cé fut bachelier. Jean Gaument tatou. Ils se réunissaient dans un coin de cour et lisaient. Ils n’étaient point riches, l’un d’eux était même « boursier ». Fils d’un ouvrier travailleur, le (petit Jean Gaument avait bûché dur. Il s'émerveillait de tout, mais avait cette mine renfrognée qu’ont les enfants qui ne sont pas sûrs des pièces aux pantalons prodiguées par une pauvre maman qui passait ses nuits à raccommoder le « petit ». D’ailleurs, les fils des gros commerçants de Rouen, d’Elbeuf ou des petites villes trop riches du pays de Caux, parfaitement mufles comme leurs parents, n’aimaient point les pauvres. Le « boursier », celui qui avait gagné sa place à coups de •travail mais qui ne « payait » pas, était honni. Le faible aussi était l’ennemi ; l’antisportif, à l'heure de l’éclosion magnifique des jeux au grand air, semblait un hérétique....