Extrait du journal

sabilité morale d’un gamin qui, «n fait d éduaaiion, n’a été instruit que par le mauvais exemple, et qui se trouve jeté sur le pavé de la grande ville avec in jonction de ne point reparaître au logis? Plus le temps marche, plus le senti ment de la famille diminue. Ce n’esl plus bien porté do vivre tranquillement ches soi, entouré des siens ; de leur ap prendre comment, avec du travail et de l’honneur, on peut avoir raison des diffi cultés de la vie et qu'en somme, la for tune adverse, quand elle se montre, est plus facile à supporter et à vaincre, quand on lui résite, la main dans la main. Non, il ne s'agit plus de cela ; les enfants, aujourd’hui, sortent de la mai son, comme les oiseaux se jettent hors du nid. A quinze ans, on devient impa tient de tout joug et, à Paris, on se met à courir la rue. N'est-il pas topique, la suicide de cet autre enfant, de quinze ans précisément, déserteur de la mai son paternelle, après avoir volé, que son père rencontre par hasard, qu’il pour suit, et qui, avant de sentir la main sur son épaule, s’introduit, dans la bouche, le canon d'un revolver et se tue? Car voilà encore ce qui vient de se passer à Paris. Un gamin de quinze ans vole ses parents, s’en va, possède un revolver, ce qui veut dire que le suicide était prémédité, et que l'arme chargée partirait à un moment donné. Oui, mais voilà autre chose : c’est en sortant du théâtre que le père et la mère ont aperçu leur enfant, absent depuis ou ne sait combien de jours. Mettons seulement quarante-huit heures, n’est-ce pas? Cela suffit pour l’angoisse. Eh bien, ces pa rents qui ne savent ce qu’est devenu leur enfant, n’oublient pas, cependant, qu’on joue la comédie quelque part, et qu’il n’y a rien de mieux que de noyer son chagrin dans le rire, ou dans tes larmes factices du théâtre. Et c’est après avoir applaudi ceux qui leur ont fourni ces émotions, qu'il ont aperçu le déserteur, et que le père s'est lancé à sa poursuite. C’est à se demander s’il courait après son fils ou bien après le voleur, avec l’espoir de retrouver quelques bribes du larcin dans ses poches, et pensez-vous qu’un enfant puisse être ce qu’il devrait être, avec des parents de cet acabit? Je ne prétends pas qu’ils soient malhon nêtes, ni qu’ils se soient plu à lui don ner le mauvais exemple; mais il est bien permis de supposer, cependant* qu il y a, chez eux, quelque absence de sens moral. Passer sa soirée au théâ tre, s’intéresser au drame ou à la farce, sans savoir ce qu'est devenu le gamin, si mauvais qu’on le suppose, s’il n’esl point dans quelque bande de jeunes vauriens, ou recueilli au Dépôt, ou tué dans quelque rixe, ou noyé,que sais-je? C’est peut-être très parisien, mais ce n’est guère humain, et je ne sais rien de plus navrant que ce couple s’offrant le spectacle et rigolant,-— comme on dit aujourd'hui, — pendant que leur enfant de quinze ans court les rues de Paris, ayant, dans ses poches, le reste de l’ar gent qu’il leur a volé. Jean «le Nivelle. P. S. — Quelques-uns des lecteurs du Soleil nous ont adressé plusieurs petites sommes qui, dans leur intention, de vaient faire partie de la souscription ouverte par le Gaulois, au sujet de l’af faire Ballerich. Ces sommes nous sont parvenues lorsque la souscription était déjà fermée et n’avait plus d’objeL Nous avons pris la liberté de les joindre à un envoi de 50 fr. destiné, par un de nos abonnés, à la Société de protec tion de l’enfance abandonnée ou coupa ble, et je pense qu’on ne nous en saura point mauvais gré. J. de .V...