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Le Soleil, 2 novembre 1894

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Le Soleil
2 novembre 1894


Extrait du journal

ALEXANDRE III Une noble existence vient de finir l’empereur de Russie est mort. Son peuple le pleure et a raison de le pieu rcr : car le règne d’Alexandre III fut un grand règne. Appelé inopinément au trône par la catastrophe qui avait enlevé la vie à son père, il était environné de difficultés et de périls. Il montra, dans ces tragiques circonstances, une résolution et une fer meté qui rétablirent en peu de temps le respect de l’ordre et le prestige du pou voir. Les conspirations s’éteignirent. Le nihilisme, découragé, cessa de lutter. Alexandre III n’a pas fait de guerres. Il a conquis par d’autres moyens la gloire qui s’est attachée à son nom et la préé minence qu’il a donnée à son pays. Dans la balance du monde il a mis le poids de son immense empire du coté de la paix. Sans tirer l’épée du fourreau, il a fait de Pétersbourg le centre de la politique européenne et de la Russie l’arbitre du continent. Il avait la plus précieuse de toutes les supériorités : celle du caractère. C’est par là qu’il a marqué de son empreinte les événements contemporains ; c’est parla que dans l’histoire il gardera un nom. Sa politique était dirigée par trois ou quatre idées simples auxquelles il restait inflexi blement attaché. Rien ne le faisait dévier de la voie qu’il s’était tracée. Il compte dans le très petit nombre d’hommes qui ont fait ce qu’ils ont voulu et qui n’ont fait que cela. Il voulait fermement la paix; il la voulait passionnément. Il l’a maintenue, défendue, imposée. La Russie n’est pas seule à le pleurer. Il a été, dans une heure décisive de notre histoire, l’ami de notre pays. Après nos désastres nous avions reconstitué nos forces matérielles; nous étions riches en soldats, en armes, en argent. Deux choses nous manquaient encore : au de dans la confiance en nous-mêmes ; au dehors la sympathie d’une grande puis sance. Ces deux choses, Alexandre III nous les a données. Nos amis d’autrefois, nos amis des jours heureux nous te naient à l’écart. Il a placé sa main dans celle de la France ; il nous a fait sortir de notre isolement et nous a rendu la cons cience de ce que nous valions. La France lui doit la première grande joie patriotique qu’elle ait eue depuis 1871 : elle ne l’a pas oublié; elle ne l’ou bliera, pas. Avec la Russie et comme la Russie, elle portera le deuil d’Alexan dre III. Edouard Hervé....

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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