Extrait du journal

Un soupir étouffé souleva la poitrine de la veuve ; une contraction passa sur son visage, et elle s’évanouit. M. Barnes voulut appeler du secours. Diana l’arrêta d’un geste. — Dites-moi tout, prononça-t-etle d’une voix éteinte. Je tâcherai d’adoucir le choc; je ne veux pas qu’elle meure aussi. Il y avait sur les traits altérés de la jeune fille une résolution poignante. Le commis la regarda avec admiration et respect. —Je sais peu de choses,fit-il tristemon t Ce matin, entre onze heures et midi, un policeman a entendu un coup do feu dans la partie la plus retirée et la plus déserte de Saint-James’s-Park. Quand il est arrivé au bruit do la détonation, il a trouvé trois hommes sur la pelouse, qui avait sans doute servi de lieu de combat. L’un était inanimé, sanglant... c’était M. Lancival. Diana était assise sur le banc treillisé qui s'adossait aux urnes remplies do fleurs de la terrasse. Sa main soutenait le corps inerte de sa mère ; aux derniers mots du commis, elle la pressa contre elle, et d'une voix âpre : — Et les autres? dcmanda-t-olle. — Les autres... c’est ce qui nous a paru étrange, miss Diana : il n’y avait que votre oncle, M. Smithson, et M. Lionel. Un cri d’angoisse parti du cœur répondit senl à ces paroles; la jeune fille se sentait mourir. —M. Liono était à genoux près do votre père ; votre oncle, debout et immobile, était pâle et sérieux. Aux questions inquiètes du policeman, il n’a répondu qu’en se remet tant entre ses mains. Il avait l’air digne et triste. Il a indiqué les bureaux do la mai son de commerce, disant qu’on y trouverait...