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Le Soleil, 17 avril 1899

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Le Soleil
17 avril 1899


Extrait du journal

donnant la nouvelle importante, l’actua lité que l’on s’arrache dams la rue, qui se lit à la minute en lançant quelques bouf fées de cigare. C’est vers cinq ou six heures,quand le Corso est en pleine ani mation, que les équipages et les voitures circulent entre deux haies de flâneurs, qu'apparaissent les camelots romains. Rien de commun, ce camelot, avec notre type si curieux et si débraillé de la rue du Croissant. C’est généralement un bambino correctement mis, qui circule en criant de sa voix fraîche d’enfant, ou des femmes que l'on autorise à pénétrer dans les cafés et les auberges. Les cris ne sont pas assourdissants, et sont jetés au contraire comme une note gaie, com me un chant d’oiseau, gai le sifffementdu merle, au milieu du trouble de la rue. On n’en est pas obsédé, lassé, et cela s'entend au contraire, avec plaisir. Ces camelots n'apportent-ils pas la nouvelle de tous les points dn monde? Car je l’ai remarqué, ce que l’on cherche tout de suite à Rome, dans une gazette, c’est la dépêcheconsacrée à l’extérieur,à ce Paris dont, le nom est écrit en capitales et qui absorbe toujours une grosse partie de la première page; le dossier de l’Affaire y est résumé avec une extraordinaire clarté, car on en suit les péripéties non pas avec passion, mais avec un inté rêt qu’il faut avoir vu pour s’en rendre compte. A ces détails, j’aurais voulu joindre quelques portraits des principaux jour nalistes italiens. La presse de la pénin sule a scs écrivains de valeur,qui signent rarement. Mais le correspondant étran ger, le correspondant parisien encore, tient toujours la place principale. Et l’on conçoit comment, à Rome, où le cosmo politisme s'épanouit si grandement et prend ses aises, la nouvelle locale soit un peu sacrifiée. Il en était ainsi déjà au commencement du siècle, au moment où Stendhal prenait* ses notes dans lesquelles il nous fait connaître cette société romaine si curieuse en 1810 ou 1820, toute mêlée qu’elle était de per sonnages aristocratiques appartenant à toutes les nations. Dans ces salons, on parlait d’histoire, d’art, de diplomatie, et ce dilettantisme évoluait autour de dra mes et de romans dont les héros et les héroïnes étaient des hommes politiques, de grands poètes, des princesses. Il en est sans doute encore ainsi dans ces grandes demeures romaines que l’on regarde avec admiration, en courant, et qui sont comme les décors naturels d’actions de très haute comédie ; mais il faut y pénétrer, et ce n’est pas en six jours de congrès que cette initiation a pu s’obtenir. En vain chercherait-on dans la presse italienne,l’équivalent de ces chro niques mondaines qui ont pour objet de révéler aux profanes « les dessous » du grand monde. C’est un respect a du mur de la vie privée » que j’apprécie grande ment pour ma part et qui laisse intacte la tâche du romancier. Nous n’avions pas besoin d’aller à Rome, pour nous rendre compte de ces choses, puisque les journaux de la capi tale italienne se lisent à Paris. Mais, comme l'an prochain, le Congrès se tien dra chez nous.il faut bien que l’on sache comment nous avons été reçus là-bas et l’impression que nous en rapportons tous....

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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