Extrait du journal

L’AFFAIRE DES FARINES AVARIÉES Notre correspondant de Saint-Pétersbourg f entretenu les lecteurs du So leil d une affaire qui a fait grand bruit et grand scandale en Russie, et qu’on désigne communément sous le nom d’« affaire des larmes avariées ». Il s’agit d’un fait qui re monte à six semaines environ. Une grande maison de Paris a livré à la Russie des fari nes avariées, malsaines, qui ne pouvaient être consommées sans danger. On s’est indi gne de cette spéculation coupable et une en quête a été ouverte en Russie. La livraison île farines avariées a été faite pour le compte de la maison Louis Dreyfus et Cie, banquiers et négociants en grains, à Paris. Un de nos confrères a demandé à M. Louis Dreyfus des explications au sujet des faits qui lui sont reprochés. M. Dreyfus expose ces faits de la façon suivante : Deux employés subalternes, de nationalité russe, d’un de nos commissionnaires d’Odessa ont, il est vrai, expédié un convoi de trente wa gons de céréales dont la qualité n'était pas conlorme aux échantillons présentés aux acheteurs. Ils ont été pour cela mis en état (l’arrestation, et c était justice. Mais la maison Dreyfus ne sau tait être rendue responsable d’un vol ou d’une uaude commis par l’employé de son commis sionnaire : aussi n’est-elle en aucune façon im pliquée dans l’affaire. Le gouvernement russe a prescrit une enquête pour établir à qui doit remonter la responsabi lité de la livraison frauduleuse dont il est quesûon. Nous avons nous-mêmes demandé, et nous demandons encore, que cette enquête soit très minutieuse et qu’elle soit menée le plus rapide ment possible, car il nous tarde de ne plus être en butte aux attaques passionnées de l’heure présente. Aucun de nos représentants ou employés de bureaux, tant à Odessa qu’à Taganrog ou sur un autre point de l’empire russe, n’a été inquiété, ce qui réduit à néant le bruit qu’on a fait courir que tous nos agents en Russie avaient été mis en état d’arrestation. A Odessa, où il s’est rendu tout d’abord, com me à Saint-Pétersbourg, où il se trouve actuel lement, mon fils ainé a entretenu et entretient les relations les plus cordiales avec les ministres ou les autorités locales. Si notre maison s’était livrée à quelque opération frauduleuse ou même répréhensible, il n’en serait celles pas ainsi. L’enquête et le jugement qui interviendra feront évidemment la lumière et montreront quels sont les vrais coupables en cette très regrettable affaire. Jacques Breton. Au Jour le Jour...