Extrait du journal

La commission sénatoriale chargée d’examiner la proposition de loi de M. Combes sur la réforme des sanctions de l'enseignement secondaire vient de dé poser son rapport. Après avoir proclamé que des réformes fondamentales doivent être introduites dans notre enseigne ment public, le rapport, rédigé par M. Pozzi, ajoute que la commission ne s’at tache qu’à une seule de ces réformes. Il est vrai que c’est la plus importante et la plus difficile : c’est la réforme du bacca lauréat. Le rapport déposé par M. Pozzi résume les principales critiques dont le bacca lauréat est l’objet : L’attribution des fonctions d’examinateur aux professeurs des Facultés constitue pour eux un far deau écrasant, qui dénature leurs fonc tions et porte un préjudice considérable à leurs recherches et à leurs travaux. Le baccalauréat est un examen où le hasard et la chance ont une part beaucoup trop grande. 11 vicie radicalement l’esprit des études au moment même où elles pour raient vire le plus profitables : « A partir de la troisième ou de la seconde, l’écolier est hypnotisé par la perspective de l’exa men final et de l'énorme effort de mé moire qu’il va solliciter. Il ne s’occupe plus de s’instruire réellement, mais seu lement d’emmagasiner les innombrables éléments d’un programme démesuré. » C’est parmi les bacheliers et les fruits secs du baccalauréat que se recrutent les innombrables candidats aux plus petites fonctions publiques ; cl l’impossibilité de les satisfaire contribue pour une large part au malaise social dont nous souf frons. Enfin c’est l’institution du bacca lauréat qui tue dans l’œuf toute initiative pédagogique, qui empêche de donner plus de souplesse aux programmes d’é tudes et plus de liberté aux professeurs. Tels sont les principaux griefs formu lés contre le baccalauréat. Conclusion : il faut supprimer le bac calauréat. « Il faut remplacer la récita tion instantanée de formules, de dates, de mots, par la constatation faite d’an née en année de connaissances réelles, classées et assimilées par l’écolier. Il faut, en somme, au lieu d’un parchemin, vain titre de noblesse universitaire, dé livrer à l’élève studieux un certificat de maturité, ou certificat d’études, qui sera une constatation sérieuse moins de son savoir actuel que de sa culture, c’està-dire de son aptitude à apprendre et à poursuivre une carrière. Mais doit-on supprimer le baccalauréat purement et simplement, sans rien met tre à sa place qui constate que l’élève des établissements secondaires a fuit de bon nes études ? La commission ne le croit pas. Elle émet l’opinion que « l’examen terminal doit être conservé pour servir de sanction des études, d’utile stimulant, comme de récompense légitime ». Il faut qu’il y ait un examen à la fin des études secondaires. Mais cet examen qui rem placera le baccalauréat supprimé « doit perdre entièrement scs caractères anens d’examen encyclopédique et ins tantané. Il doit devenir un examen de maturité, un examen de sortie (abiturientsexamen) délivré sans solennité et sans apparat par les professeurs mêmes qui ont vu travailler les élèves. » Le système proposé par la commission du Sénat pour l’appréciation de la valeur des études se compose de trois rouages principaux: 1° les examens de passage; 2° les livrets scolaires ; 3° le certificat d’étudeS....