Extrait du journal

L’événement de la semaine, c'est le petit pamphlet de quinze pages que vient de pu blier M. Stcbédrine dans la revue radicale connue sous lo nom d'Annales de la Patrie. Le Russe est bon enfant. Il aime à rire de lui-même, pourvu que sa caricature soit faite avec esprit, et la satire de Stcbédrine est étincelante de verve depuis le premier mot jusqu’au dernier. La société a donc ri de bon cœur; les fonctionnaires ont "ri, ainsi que le préfet de police (à ce qu’on m’assure). Ayant ri, ils seront indulgents, et vraiment ca serait dommage de censurer un journal coupable d’avoir trop d’esprit. La petite farce de Stcbédrine a pour titre : « Lettres à ma tante. » La tante est une grande dame comme on en voit beaucoup Ici, passant régulièrement les quatre mois ; d’été dans sa datcha de province et les huit mois d’hiver dans son hôtel de Pétersbourg. Naturellement, elle n’y reste pas inactive. « Je me demandais souvent quelle mouche vous piquait, chère tante, de vouloir aller chez leç Bulgares, de courir assister à tel ou tel procès à sensation, d’organiser des eoneerts au profits des cours supérieurs pour les femmes. » Telle est, en eÇet. depuis deux...