Extrait du journal

L’hellénisme est loin d’être mort en Orient. Sans doute il a subi des échecs dans ces derniers temps, échecs dus au moins autant à la mauvaise situation fi nancière du pays qu’aux fautes diplo matiques des divers cabinets qui se sont succédé. Telle est cependant la puissance d’une grande idée que, malgré tout, les sentiments helléniques continuent à être vivaces dans tout le bassin de la mer Egée. La population de Chypre réclame l’annexion à la Grèce pour le cas où l’Angleterre renoncerait à l’occupation de cette lie : hypothèse qui, un jour ou l’autre, peut se réaliser. Dans Vile de Crète, l’agitation hellénique, plusieurs fois étouffée, renaît constamment. A Smyrne et dans toutes ces belles îles placées en face de l’Asie-Mineure, à Chio comme à Lesbos ou à Samos, les populations se regardent comme grecques, et elles le sont en effet de cœur comme d’origine, bien qu’elles ne fassent rien, quant à présent, pour essayer de changer l’état de choses existant. Il ne faut jamais désespérer d’un pays qui peut comp ter sur de si fidèles sympathies. La Grèce peut retrouver encore un grand rôle, si, par la conduite que va tenir son gouvernement, elle inspire à l’Europe confiance dans son avenir. Edouard Hervé....