Extrait du journal

LES CALENDRIERS DE 1898 Rs ont fait leur apparition, les calendriers de la prochaine année. Cette hâte est vraiment cruelle et ressemble fort à l’envahissement de la chambre d’un moribond par des héritiers trop impatients. Certes, les jours de l’année qui expire sont comptés; mais enfin, elle respire encore, elle a malgré son grand âge une certaine vigueur Tout au moins, à la veille de son agonie, mériterait-elle quelques ménagements, tandis qu’avec cruauté on lui cric ainsi aux oreilles : Tu vas mourir 1 Et ce qui doit faire enrager une année qui finit, c’est que sa cadette se présente tou jours sous les formes les plus aimables et les plus séduisantes. 1898 ne rompt pas la tradition, car elle est coquettement parée dans tous ces petits carnets modernes qui contiennent ses trois cent soixante-cinq jours. Et les faveurs roses ou bleues, et les jolis riens qui la décorent, sont plus que jamais gracieusement arrangés pour dissimuler les déceptions et les chagrins que plus d’une de ses dates nous ménage. On peut d’ailleurs reprocher à cet art spécial du calendrier de rester par trop tanal et de man quer d’invention. Il y a èn ce genre des for mules comme en toute autre choses. Voilà bien...