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Le Temps, 1 janvier 1896

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Le Temps
1 janvier 1896


Extrait du journal

mais elle se reprit sur-le-champ. Si je devais me marier, je l’aurais acceptée ; mais je ne puis pas... je ne dois pas me marier. Elle avait parlé avec la netteté cruelle de ceux qui se font au moins autant de mal qu’ils en font aux autres — et qui le savent. Il la regardait atterré. — Pas maintenant, peut-être, insista-t-il. Je sens ce que ma demande a de pressant, d'in discret, peut-être d’inacceptable. Mais plus tard? Elle le regarda bien franchement cette fois, et dans ces purs yeux de jeune fille il lut l’irrévo cable renoncement. — Nul ne peut répondre de l’avenir, monsieur, dit-elle, mais ce serait folie à moi — et faute — de vous laisser croire que je puis changer. En ce moment je ne saurais vous donner d’autre réponse. Je vous remercie — oh I de tout mon cœur! — de l’honneur que vous voulez me faire, mais je ne puis me marier... ni avec vous ni avec un autre. Il eut envie de la prendre dans ses bras, et d’obtenir dans la tendresse d’un baiser ce qu’elle lui cachait, le secret, peut-être pas le sien à elle, celui des autres, qui la faisait se refuser si dou loureusement! Il fit un pas vers elle, mais elle était si chaste, si pure, dans les plis de sa robe droite, dans l’expression presque surhumaine de son beau visage désespéré, qu’il n’osa. — Alors, mademoiselle, fit-il en s’inclinant, adieu. — Adieu, monsieur, répondit-elle en tournant vers lui son regard plein d’un immense décou ragement. Il tendit la main, elle y mit la sienne, si froide, si abandonnée... Il baisa cette main généreuse, qui faisait en ce moment, mais pas à lui, l’au mône du bonheur de toute une vie, sans qu’elle tressaillît sous son baiser. Soudain les paroles d’Isaure jaillirent de sa mémoire. Qui donc ne pardonnerait pas à son frère Louis de s’être ainsi marié ? Serait-ce Céphise ? Est-ce là ce secret qu’elle gardait? Et toute cette amitié qu’elle lui avait témoignée, était-ce l’affection d’une future belje-sœur? Si c’était cela, elle était vraiment à plaindre, ê! elle aurait noblement porté son cha...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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