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Le Temps, 1 juin 1890

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Le Temps
1 juin 1890


Extrait du journal

— Robert, viens embrasser ta mère, dit M. de Vipert en attirant le petit garçon, qu’il avait d’abord laissé derrière lui. Mme de Vipert prit son fils sur ses genoux, et le comte les embrassa tous deux encore; puis il s’assit près de sa femme, et lui entou rant le cou do son bras lui dit : —C’est ta maladie qui t’a laissée un peu ner veuse; si nous allions passer les dernières se maines de l’hiver à Naples, pour achever ta convalescence? Mme de Vipert regarda son mari avec une lumière de joie dans les yeux. — Tu es bon ! lui dit-elle en levant un peu la tête pour lui donner un baiser. — Et Robert est-il du voyage? dit le comte en caressant la joue de son fils. — Oh! oui! papa! s'écria l’enfant avec allé gresse. — Mais quand partons-nous? demanda la mère. — Quand? mais à l’instant même, demain, fit le comte avec une certaine méfiance sur la solidité de sa résolution. — Demain! oh! le pourrons-nous? J’ai à faire sortir mes vêtements de voyage, emplir les malles, régler la maison pour notre absen ce... et puis il faut, avant de nous en aller, acheter le cadeau de Mlle Régine. -- Allons-y tout de suite ensemble, décida le comte, qui prenait beaucoup d’intérêt à cette dernière question : Robert nous donnera son avis. Il sonna, il commanda la voiture, pendant que Mme de Vipert se faisait apporter son cha peau et son manteau, et que Robert montait en hâte près de sa gouvernante pour se faire préparer. Bientôt le grand coupé trois-quarts, attelé de Bricole et de Brillantine, sortait de la cour de l’hôtel et s’avançait dans l'avenue, vers le centre de Paris, emportant trois des privilégiés de ce monde. La comtesse, heureuse comme aux premiers jours de son mariage, était tout émue encore des périls triomphalement évités que venait de courir son bonheur conjugal. Robert, enchanté de voir maman si bien, si entièrement consolée, riait pour un rien, ou, câlinemeni, comme pour dire merci, mettait la tête sur les genoux de son père, tout contre la robe de sa mère, qu’il tenait de sa petite main. Le comte avait un vague sourire sur les lèvres, un sourire bon et triste, plein de cette résignation qui ré vèle une grande souffrance intérieure. En écoutant sa femme ou en lui répondant,...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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