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Le Temps, 1 mars 1911

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Le Temps
1 mars 1911


Extrait du journal

t-Vous ferez ce que vous voudrez, mur mura-t-elle. Tuez-moi. Je ne dirai rien. Réduit à la nécessité d’employer le grand jeu, le procureur de la République n’hésita pas. Tranquillement il entassa calomnies sur ca lomnies. — Je vais parler pour vous. Toute votre con duite n’est qu’un calcul. Vous avez détourné votre fille de céder au vœu de M. Quesnoy, parce que vous avez compris que la famille se débarrasserait de vous au moyen d’un peu d’ar gent. Ce n’était pas.votre intérêt. Vous n’aimez pas à vivre seule. De son côté, Mlle Charlotte se laisse facilement séduire par les gens qui spéculent sur ses théories sentimentales. Vous vous êtes emparée de son esprit, en même temps que de sa bourse. Vous avez profité de sa détresse morale pour lui montrer le devoir où il n’était pas. Vous lui avez joué votre comé die du diable et du bon Dieu. Vous l’avez hypno tisée, suggestionnée. Vous avez compté sur ses charmes physiques pour achalander votre in dustrie ambulante, et vous l’avez déj à exhibée à vos côtés sur divers champs de foire. Ne niez pas: on vous a vues! — Menteries! s’écria l’accusée. Elle,s’était dressée. L’indignation la secouais toute. Ses mains calleuses se tordaient. Sa pau vre figure en pâte, comme écrasée et pilonnée, se convulsait dans une grimace tragique. .— Moi!... Ma fille!... Ce que vous dites!... Menteries, menteries! C’est abominable, mon sieur le juge. Charlotte a ordonné, j’ai obéi. Au jourd'hui je suis son enfant, sa servante. J’ai bazardé ma roulotte et mes chiens. Je n’ai plus de respiration que pour faire ses volontés. Ma fille! Vous avez vu ma fille sur les champs da foire? Venez donc voir à Bruges si vous avez vu ma fille sur les champs de foire! — Enfin, vous vous décidez, c’est heureuxt fit le procureur froidement, tandis que Fabierÿ les yeux élargis, lui envoyait un. signe d'intel ligence. Vous auriez dû commencer par là'. .Votre fille est à Bruges. Quelle rue? Elle répondit, épuisée: . i—Rue des Jacobines, numéro 30. Vous m’avez arraché la dent, monsieur le juge. Ça n’est pas bien chouette de votre part. Mais sur Dieu qui nous voit, si vous allez répéter ce que je vous ai dit, vous: serez cause d’un malheur,; Jean Carol. (A suivre,J,...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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