Extrait du journal

La séance d'hier à été tout un grand drame, violente, passionnée, orageuse, marquée au commencement par une évolution gouvernementale qui a fait une impression extraordinaire, traversée au milieu par un incident des plus inattendus et des plus regrettables, signalée à la fin par un vote destiné à avoir un retentissement considérable dans le pays. Comme résultat, ce qu'elle offre de capital, c'est que l'Assemblée y a décidément pris une attitude devant laquelle elle avait jusqu'à présent touiow» reculé; elle s'est déclarée constiîuauïe. Comment en est-elle venue là ? g Comment l'amendement de M. de Choiseul,'que M. Thiers avait accepté et qui paraissait devoir être vigoureusement soutenu, a-t-il été tout à coup écarté du débat Comment le centre gauche, d'où était sortie la proposition Rivet, s'est-il trouvé amené à abandonner son œuvre et à voter avec le centre droit et la droite le premier considérant de la proposition Vitet, qui proclame le caractère constituant de la Chambre! C'est ce qu'explique plusloinnotre correspondance deVersailles. La discussion n'est pas finie; elle doit être reprise aujourd'hui. Ce qu'il faut maintenant souhaiter, c'est qu'elle soit aussi brève que possible; suivant toute apparence, la crise est en effet terfninêe. La manière dont elle s'est dénouée n'est pas telle que nous l'aurions voulu; tout en reconnaissant le caractère illimité de la souveraineté de l'Assemblée, nous étions de ceux qui pensaient qu'elle aurait mieux fait de ne pas s'en prévaloir et de le laisser en oubli nous le pensons encore; nous allons même plus loin nous croyons, en dépit de M. de Saint-Marc Girardin et de M. Vitet, que ce droit de faire la Constitution du pays, que la majorité vient de s'attribuer avec tant d'éclat, n'est qu'un droit purement platonique et qu'il restera stérile entre ses mains. Quoi qu'il en soit, l'accord semble fait entre le gouvernement et l'Assemblée....